Quelques jours en brousse...
Pendant une bonne dizaine de jours, je suis parti en brousse, à Tabalak, au fin-fond-du-fin-fond de la campagne nigérienne, et j’ai eu l’occasion de découvrir la vie rurale, la vraie, celle menée par quelques 80% de la population. Une bonne expérience, pour sûr, où j’ai pu entrevoir la vie à la "rude", ou quand la vie quotidienne s’apparente à de la survie.
Ici, pas de plan sur la comète,
tu vis au jour le jour, en totale dépendance de conditions climatiques pas
assez capricieuses, avec un soleil omniprésent et une pluie malheureusement
trop discrète…
Faut s’imaginer : il pleut
seulement 3 mois/an, et pendant ce court laps de temps, les villageois essayent
tant bien que mal de remplir leur "grenier" afin de vivre une année
entière, et ce jusqu’à la prochaine "saison des pluies"…en espérant
qu’elle soit bien au rendez-vous ...
L’agriculture et l’élevage sont donc les seuls moyens de subsistance pour la grande majorité de la population, et l’artisanat est en quelques sortes le seul moyen de revenu, censé répondre à tous les imprévus ou autres impératifs (maladie, scolarisation, mariages…), mais encore faut-il qu’il y ait des clients pour écouler les productions artisanales locales, destinées à remplir les caisses trop souvent vides…
Au départ, j’étais censé observer l’élaboration d’un périmètre irrigué destiné aux populations, afin que celles-ci puissent cultiver à peu près toute l’année à grand renfort de barrages et de forages. Mais ce séjour en brousse s’est vite assimilé à des "vacances", pour la simple et bonne raison que les véhicules de chantier étaient à sec de carburant depuis un bon mois, et que la reprise du chantier dépendait du retour du directeur général, parti en voyage en France, et dont la seule signature suffisait à débloquer des fonds et la situation.
C’est donc en "touriste" que j’ai vécu ces quelques jours en brousse, où le quotidien se résume essentiellement à manger, boire (du thé), et à chercher de l’eau au puit pour se laver et se rafraîchir par la même. Bien entendu, la vie y est rythmée par les 5 prières quotidiennes, puisque chaque village, aussi petit soit-il, possède sa mosquée, qui est d’ailleurs bien souvent la seule construction "en dure" des environs…aussi, je me dois de rendre hommage à l’Imam de Tabalak, avec qui chaque appel à la prière était un véritable plaisir puisque ses envolées lyriques n’ont vraiment rien à envier à celles du chanteur de "Dub Incorporation"…dommage que l’Imam de niamey n’ait pas le quart de la moitié de son talent…
Bref, autant dire que le "stress alimentaire" est certainement le seul stress qui existe en Afrique, tant la vie s’y écoule comme un long fleuve tranquille…trop tranquille parfois…
Heureusement, donc, que l’accueil des gens n’est pas que légendaire, et il suffit de se promener un peu pour trouver quelqu’un avec qui "fakore" (palabrer, quoi), histoire de tuer le temps, mais la communication n’est pas forcément évidente puisque la plupart parlent haoussa/peul/tamaljek et baragouinent un peu de français alors que je ne parle que français et baragouine un (tout petit) peu de djerma (!!) … en tout cas, c’est surtout avec les jeunes, voire les enfants, que tu peux le plus tchatcher car certains ont le privilège d’aller à l’école quand même. Et grande fût ma chance de tomber sur un instructeur touareg, qui m’a gentiment donné des cours de haoussa et de tamaljek, et ce, sans compter les heures ni les tasses de thé. Bon, j’y pige toujours que dalle, mais il n’empêche que ça reste sympa d’entrevoir un peu une langue étrangère (trois, en l’occurrence), surtout quand t’es plongé dans le contexte…
Aussi je vous laisse méditer sur
le dicton suivant, traduit respectivement en langue haoussa et en tamaljek:
« igamayan adigriw » et « may néma yana samou »…en français
« qui cherche trouve »…
...vous auriez pu trouver tout seul, en cherchant
…